La délibération sur l'aménagement des quais rive gauche avait été présentée avant le Conseil Municipal comme la délibération phare marquant le début des grands projets du mandat.
Nous avons, en fait, assisté à une tentative de récupération maladroite d'une ambition collective partagée.
Mme Fourneyron n'a pas pu s'empêcher de nous faire le coup de la page blanche... comme si rien n'avait été fait sur ce projet avant elle. Et, elle a demandé au conseil municipal de lui signer un chèque en blanc puisqu'elle a refusé de proposer toute orientation ou principe d'orientation, toute discussion.
Mme Fourneyron a réclamé l'unanimité sur ce projet. Elle aurait dû l'avoir. Le fait qu'un tiers du Conseil Municipal choisisse de s'abstenir sur un projet dont l'idée est largement partagée est pour elle un échec majeur.
L'urbanisme demande beaucoup de temps. L'aménagement des quais en est une illustration évidente. Enjeu majeur pour Rouen, il a commencé au début des années 2000 et se poursuivra probablement jusqu'à 2020 ou 2025. Plusieurs équipes municipales, plusieurs maires porteront ce projet.
Faire le coup de la page blanche, en omettant délibérément toutes les décisions antérieures et en laissant croire qu'il s'agit de la première délibération sur le sujet n'est ni à la hauteur du projet ni à celle que la fonction de maire devrait inspirer à celui qui a l'honneur de l'exercer.
Aménagement des quais Yves Lion. Etudes 2005 - 2006
Les délibérations sur le sujet ont été nombreuses :
- 2001 : Convention d'étude avec l'école nationale du paysage et débats avec les conseils de quartier
- 2002 - 2003 : Implantations des grues Picasso. Mises en lumière
- 2004 : Conventions de superposition de gestion. Délibération certes pas très " sexy" mais totalement indispensable pour définir les champs de compétence entre l'État, le Département, la ville, Réseau Ferré de France, Voies Navigables de France, et port de Rouen
- 2005 : Etudes techniques sur la stabilité de la trémie ferroviaire
- 2005 - 2006 : lancement d'études de définition sur les rives de la Seine et de la gare rive gauche. L'idée était d'obtenir plusieurs hypothèses intégrant l'aménagement des quais rive gauche mais aussi toutes les questions de transport avec l'arrivée de la nouvelle gare, du projet de tram-train, des problèmes de stationnement et de la problématique du passage des camions au centre-ville de Rouen. Trois équipes d'urbanistes de renom ont travaillé sur ce projet : Yves Lion, François Grether et Marion Talagrand. Ils ont remis à la ville de Rouen un travail important évoquant diverses hypothèses d'aménagement mais aussi d'accessibilité au site, de liaison avec son environnement et de déplacement de la foire Saint Romain (ce qui aurait mérité d'être étudié en lieu et place de la décision péremptoire et non préparée de déplacement sur le môle Waddington). Leur travail a démontré les possibilités importantes sur le site qui mérite plus qu'un simple aménagement d'espaces publics mais peut accueillir des équipements comme des équipements culturels par exemple.
Projet de gare multimodale sur les quais d'Yves Lion
Il est assez invraisemblable que Mme Fourneyron ait fait le choix de dissimuler à la presse et au Conseil Municipal l'ensemble de ces travaux afin de mieux se réapproprier ce projet. N'étaient-ils pas indispensables pour permettre l'aménagement ? Comment faire le choix de ne pas utiliser les éléments disponibles de l'étude de définition et de les partager avec le conseil municipal ? Même si ils ne peuvent être repris à la lettre ils auraient eu le mérite d'éclairer le débat... Mais comme il ne doit pas y avoir de débat !!!
En Conseil Municipal, c'est à la signature d'un chèque en blanc à laquelle ont été invité les élus. Aucune référence aux travaux réalisés précédemment, aucun principe, aucune orientation. Juste l'idée de la "multifonctionnalité" au milieu de phrases emphatiques et de superlatifs. Le tout pour 18 millions d'euros ! L'honneur des élus est de faire des choix et d'établir des priorités. Mme Fourneyron s'y est refusée préférant choisir seule dans son bureau, entourée de son petit cercle, comme pour l'Espace Monet Cathédrale. M. Robert, lui, nous a expliqué qu'avec cette délibération nous achetions des "capacités d'imagination". Triste aveu ...
Mme Fourneyron, par sa précipitation à lancer ce projet et son refus de le discuter, débute une dangereuse fuite en avant pour masquer sa perte de contrôle de la situation municipale.
Ce grand projet mérite mieux. Rouen mérite mieux.