J'ai relu aujourd'hui un article du National Geographic de 2004.
Je le cite ici. A méditer !
« Le réchauffement planétaire peut sembler trop éloigné dans le temps pour que l’on s’en inquiète, ou trop incertain – un scénario échafaudé par ces mêmes logiciels par ailleurs bien souvent incapables de prévoir avec justesse le temps qu’il fera la semaine prochaine. Par une glaciale journée d’hiver, on peut même penser que quelques degrés de plus seraient après tout une bonne chose. Et les cris d’alarme à propos du changement climatique ne sont peut-être qu’une tactique utilisée par les écologistes pour nous faire peur et nous forcer à renoncer à nos voitures et à notre mode de vie. Chacun peut se rassurer comme il peut. Mais les nouvelles de notre Terre sont hélas, très inquiétantes. De l’Alaska aux pics enneigés des Andes, le monde se réchauffe, en ce moment même, et très rapidement. A l’échelle du globe, la température moyenne a augmenté de 0,6°C par rapport au siècle dernier, mais les zones les plus froides et les plus reculées, comme les régions polaires ou la Sibérie, se sont réchauffées bien davantage. Les conséquences de ce phénomène ne sont guère souriantes. La glace fond, les fleuves s’assèchent et les côtes sont rongées par l’érosion, menaçant des populations entières. La flore et la faune ressentent également les effets de la chaleur. « Attendez une minute », diront certains esprits sceptiques. Le climat, tout le monde le sait, est instable et changeant. Il y a mille ans, l’Europe jouissait d’un temps très doux, et la vigne était cultivée en Angleterre. Au début du XVIIe siècle, le climat s’est refroidi, et la Tamise a gelé à plusieurs reprises. Le réchauffement actuel n’est peut-être qu’un caprice de la Nature, un phénomène passager. « Détrompez-vous », répondront les climatologues. Assurément, les rythmes naturels du climat pourraient expliquer certains signes de réchauffement décrits dans les pages qui suivent. Mais la fièvre qui accable la planète a des causes beaucoup plus graves. Depuis des siècles, nous défrichons nos forêts et brûlons charbon, pétrole et gaz, déversant dans l’atmosphère du dioxyde de carbone et autres gaz piégeant la chaleur plus vite que les plantes et les océans ne peuvent les absorber ( voir l’article « l’énigme du carbone manquant » , publié dans notre n° de février 2004 ). Le taux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère n’a jamais été aussi élevé depuis plusieurs centaines d’années. L’activité humaine est, de façon quasi certaine, la cause principale du réchauffement observé au siècle dernier, a conclu l’Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) des Nations unies en 2001 , dans un rapport qui a fait date. La température moyenne du globe monte en flèche – plus vite qu’à n’importe quel moment au cours de ces derniers millénaires. Et les modélisations des experts montrent que les forces climatiques naturelles, telles les éruptions volcaniques ou les fluctuations de l’activité solaire, ne peuvent expliquer que très partiellement ce réchauffement. Tant que le CO2 continuera d’augmenter, le mercure continuera à monter – dans une fourchette de 1,5 à 5,5°C supplémentaires avant la fin du siècle, selon les prévisions de l’IPCC. Et ce réchauffement pourrait être subit. Certains climatologues craignent que la hausse de la température actuelle connaisse de brusques et dévastatrices accélérations. Nous avons déjà rejeté suffisamment de gaz à effet de serre pour réchauffer la planète pendant plusieurs décennies. « Nous avons créé l’environnement dans lequel nos enfants et nos petits-enfants vont devoir vivre », explique Tim Barnett, de la Scripps Institution of Oceanography. Nous leur devons de préparer cet environnement à de plus hautes températures et à des changements climatiques, et de ne pas fermer les yeux sur les dégâts dont nous nous sommes rendus coupables. Il ne sera pas facile à un monde si dépendant des combustibles fossiles de limiter ses émissions. Il y a trois ans, les Etats-Unis ont refusé de ratifier le protocole de Kyoto, arguant de son coût exorbitant. Mais même Kyoto aurait à peine ralenti l’augmentation des gaz piégeant la chaleur. Pour maîtriser cette hausse, « il faudrait 40 Kyoto couronnés de succès », estime Jerry Mahlman, du National Center for Atmospheric Research. « Il n’y a pas d’autre solution ». Les signes de réchauffement décrits dans les pages qui suivent ont de quoi inquiéter, mais ils ne constituent qu’un faible aperçu des bouleversements dramatiques que notre siècle pourrait connaître. Pouvons- nous agir à temps pour éviter le pire ? La Terre le dira ».
Tim Appenzeller, service sciences - Dennis R. Dimick, service environnement et technologie.